Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

L’architecte Camille Salomon, tout en maîtrise

Lorsque RATP Habitat (filière sociale de la RATP, anciennement Logis Transports) lui confie, en 2018, la conception d’une résidence pour jeunes travailleurs, trente-neuf logements situés au-dessus de la nouvelle station de métro Barbara, à Montrouge (Hauts-de-Seine), Camille Salomon a à peine 30 ans. Autant dire, pour une architecte, la petite enfance. Rares sont celles et ceux qui, à ce stade de leur vie, ont déjà leur propre agence, et c’est le plus souvent sur des projets beaucoup plus modestes qu’ils se font la main.
Mais la main de Camille Salomon, elle, était déjà bien faite. Petite-fille de l’architecte Armand Salomon (1927-2021), fille d’un informaticien formé aux Beaux-Arts et d’une prof de sport ayant renoncé à une carrière artistique pour s’occuper de ses enfants, la jeune femme a grandi dans les musées, dessinant et peignant autant qu’elle pouvait. Son bac (scientifique) obtenu, elle intègre l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles et atterrit quelques années plus tard chez LIN Architects, agence allemande réputée pour sa rigueur, qui construisait alors deux nouvelles gares de la ligne 4 du métro parisien.
Quelques mois sur ce projet, et la voilà qui rejoint le siège de l’agence, à Berlin, où elle s’imprègne de l’esprit de la maison : méthode exploratoire fondée sur l’analyse de scénarios multiples, approche pluridisciplinaire, culture technique poussée, exigence extrême à tous les stades du projet… « Tout est dessiné par l’agence, jusqu’à la moindre vis, au moindre boulon », dit-elle.
Emballée par cette ville qu’elle décrit comme « une juxtaposition de choses déjà là », par les cultures urbaines alternatives dont elle favorise l’émergence, elle développe ses propres projets à ses heures perdues, et remporte, en association avec celui qui est aujourd’hui son mari et le père de son fils, Valentin Cordebar, deux concours d’idées autour du réemploi d’infrastructures sportives.
Retenue pour transformer en logements un des bâtiments de la caserne de Reuilly, dans le 12e arrondissement de Paris, l’agence LIN la propulse cheffe de projet. Le retour à Paris la pousse à créer sa propre agence. Et, lorsque son ancien employeur lui propose de prendre en charge ce projet de logements pour jeunes travailleurs, elle est parée pour le décollage. « LIN a suggéré qu’on soit associées sur le projet, et j’ai demandé à avoir le mandat. Je voyais que ça allait être complexe, il me fallait cette légitimité-là. »
La détermination sereine de la jeune femme va de pair avec la haute idée qu’elle se fait de son métier. « L’architecture est une mission de service public, et l’architecte est souvent le seul à incarner le projet. » La réussite de cette résidence Barbara, qui lui a valu d’être nommée, en 2023, pour le prix de l’Equerre d’argent dans la catégorie « première œuvre », doit autant à son tempérament qu’au métier acquis chez LIN.
Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish